Bandersnatch
Je viens juste de visionner le dernier épisode (interactif) de Black Mirror : Bandersnatch.
Première chose, grosse galère avec un Apple TV, car le système interactif proposé par Netflix, ne marche pas avec Apple TV et ni avec le player NetFlix de ma (vieille !) télé. J’ai donc dû lancer Netflix sur mon ordinateur portable et via AirPlay visionner l’image sur ma télé (et interagir sur mon ordinateur portable), bref pas évident comme configuration. Plus d’infos techniques sur ce site.
Le système reprend les mécanismes du livre dont on est le héros (voir un article précédent sur les origines de ce système de narration) et peut se rapprocher dans le domaine audio visuelle du film Kinoautomat (1967) du réalisateur Radúz Činčera (à des moments précis, les spectateurs devaient choisir entre deux choix possibles, la majorité l’emportait et l’on diffusait l’une des deux versions du film possibles).
Honnêtement, je me suis bien amusé à regarder ce film, l’univers me parle (j’ai commencé à tenter de programmer péniblement sur un Commodore 64 au début des années 80) et je pense avoir bien vu les nombreuses références auxquelles fait référence cet épisode (musical, vidéo ludique, romans,Lewis Carrol, Infocom, ZX spectrum …). Le scénario jouant sur une mise en abîme marche plutôt très bien (même s’il ne va pas assez loin à mon avis, cela reste tout de même timide).
On retrouve le plaisir de naviguer, d’avancer, de revenir en arrière et d’explorer sans cesse de nouvelles pistes que nous proposent les scénaristes (on a un peu l’impression d’être dans leurs têtes). J’ai pu retrouver le plaisir des explorations des livres dont on est le héros, avec ces allés et retours incessant (en trichant un peu). Cela se fait de manière très fluide et le principe du montage très rapide et dynamique nous résumant nos pistes déjà explorées est vraiment une réussite. En effet, après un «échec» ou une piste peu satisfaisante on peut recommencer une nouvelle exploration, mais sans a avoir à tout refaire (comme malheureusement beaucoup de jeux vidéo d’aventure).
Après, c’est un style de narration qui des contraintes très fortes et il faut accepter cela, mais l’intérêt de ce genre et de tenter de nouvelles pistes, de tester sans cesse les nouvelles options. Si vous vous contentez juste d’une première narration, cela peut être assez décevant. On peut aussi repprocher au scénario de na pas être au niveau des épisodes des Black Mirror précédents (il n’y a pas d’effets de sidération que l’on peut avoir comme dans les épisodes; The Entire History of You, Nosedive ou le White Christmas, Christmas Special qui m’a totalement terrorisé.).
Maintenant, je me demande, de quelles manières vont réagir les scénaristes de jeux comme Life is strange (Dontnod) ou de Detroit (Quantic Dream), car je me demande souvent pourquoi ce genre de jeux n’utilisent pas la vidéo filmée au lieu de la 3D temps réel (qui, même avec un rendu pseudo réaliste sera toujours inférieur et moins riche que de la « vraie » vidéo filmée).
Nous pourrions aussi penser, que cet épisode est un premier test de Netflix vers un système anti copie de ses films, en effet il s’agirait d’un nouveau type de film nécessitant une connexion permanente avec un serveur.
• Et pour conclure; un épisode magique (et non interactif) de la série message à caractère informatif :
• Si vous voulez vous amuser à détailler vos parcours, voici l’arborescence de cet épisode interactif (source : The Verge).
Et une vidéo du teaser :
Étienne Mineur
Étienne Mineur, né en 1968, est un designer, éditeur et enseignant français, dont le travail est axé sur les relations entre graphisme et interactivité.
Diplômé de l’école nationale supérieure des arts décoratifs de Paris en 1992, il commence sa carrière dans le domaine du CD-ROM culturel. Il est à cette occasion directeur artistique chez plusieurs acteurs majeurs du domaine : Index+ (Cofondateur avec Emmanuel Olivier), Nofrontiere (Autriche), Hyptique (Paris).
Par la suite, il travaille en tant que directeur artistique pour Yves Saint Laurent (CD Rom sur l’œuvre d’Yves Saint Laurent), Gallimard (Cd-Rom sur l’œuvre de Marcel Proust), Issey Miyake (site web), Chanel (site Web) mais aussi pour Nokia (design d’interface) et la fondation Cartier (catalogue d’exposition).
En 2009, il décide de revenir vers le design lié aux objets physiques. Il fonde Volumique qui est une maison d’édition, mais aussi un studio d’invention, de conception et de développement de nouveaux types de jeux, de jouets et de livres, basé sur la mise en relation du tangible et du numérique.