Un documentaire de Jean Baptiste Thoret

J’ai pu voir le documentaire de Jean Baptiste Thoret consacré à Dario Argento : Soupirs dans un corridor lointain.
Autant le dire tout de suite, j’aime beaucoup le travail de Jean Baptiste Thoret (qui m’a fait aimer le cinéma des années soixante-dix) et je considère Dario Argento comme le cinéaste le plus important du XXe siècle (rien que ça ; —). Mais malheureusement, je fus très déçu.

Ce documentaire est un complément au premier documentaire que Thoret avait réalisé en 2001 (Les Songes de Dario Argento : soupirs dans un corridor lointain). La première partie est donc constituée de cet ancien documentaire, puis la seconde se déroule en février 2019 et l’on retrouve donc le réalisateur vingt ans plus tard. Si vous ne connaissez pas bien l’œuvre d’Argento, vous n’allez strictement rien comprendre, on vous assène par exemple dès le début le fait que c’est le réalisateur le plus influent depuis ces trente dernières années, mais on ne vous expliquera ou ne démontrera jamais pourquoi. On passe par des extraits de films, de musique, de souvenirs… Mais ce n’est jamais didactique et peut-être trop référencé pour les non spécialistes (il y a beaucoup de plans faisant référence aux films d’Argento).

La seconde partie est entièrement filmée en noir et blanc, pourquoi ? Peut-être, par un souci d’esthétisme (il faut savoir que Dario Argento déteste le noir et blanc), pour signifier les souvenirs des films (on visite des anciens décors)… On entend aussi parfois la voix en off de Jean Baptiste Thoret, mais on ne sait pas trop pourquoi. On ne pose pas les questions de cette violence et ce rapport aux femmes très étrange (elles n’ont jamais été aussi magnifiques que couvertes de sang !). On ne parle pas de sa filmographie (problématique) après le Syndrome de Stendal… bref beaucoup de questions sans réponse, mais j’en attendais sûrement beaucoup trop. Même si certains passages sont assez émouvants, comme le moment où l’on découvre les vieux manuscrits occultes de l’Inquisition ou la visite de la villa de Ténèbres.

Autre explication, Jean Baptiste Thoret connaît tellement bien l’œuvre d’Argento, qu’il n’a pas voulu se répéter ou dire des choses qu’il avait déjà pu dire dans ses livres, articles ou conférences précédentes. 

Bref, je vous conseille plutôt la lecture des livres comme :

Dario Argento, magicien de la peur (de Jean Baptiste Thoret)  , ou Peur (autobiographie) de Dario Argento aux éditions Rouge Profond :

Par contre l’emploi de la police de caractère le Bely de Roxane Gataud dans le documentaire et son affiche est vraiment judicieux. Ce caractère est parfaitement adapté à l’œuvre d’Argento, à la fois classique, contrasté, incisif et désaxé (dans les O par exemple). 
–> des infos sur ce caractères sur le site de l’esad d’Amiens.
Le graphiste ayant réalisé cette affiche se nomme Clément Deneux, mais je ne le connais pas et je n’ai malheureusement aucune information sur lui sauf un lien vers Vimeo.

Il faut aussi noter que les affiches et les génériques des films d’Argento sont assez médiocres généralement (au contraire de la musique), il est vraiment dommage qu’il n’ait pas su trouver un designer à la hauteur de son génie, tout comme Saul Bass avec les films d’Hitchcock. 


Et pour terminer sur une note positive, le podcast Le cinéma est mort avec justement Jean Baptiste Thoret parlant brillamment de l‘œuvre d’Argento.

l’affiche du documentaire
Bely de Roxane Gataud 
Bely de Roxane Gataud